J’ai récemment écrit un article sur la situation de la CCI de Vaucluse. Certains ont pu considérer que je prenais parti. Ce n’est pas le cas. Le malaise qui traverse aujourd’hui la CCI de Vaucluse n’est pas une affaire de personnes. Il traduit une incapacité plus profonde : celle de voir que le monde a changé.
En effet, les crises institutionnelles, économiques et politiques récentes ont bouleversé nos repères et imposent de concevoir et d’agir différemment. S’en tenir aux méthodes d’hier, verticalité, centralisation, logiques de rivalité, c’est ignorer que ces comportements sont devenus inopérants.
Perdre, au bout de 4 ans de mandat, la confiance d’1/3 de ses élus et 5 élus d’envergure dans le bureau de la CCI, n’est pas « un simple ajustement technique » ou « un problème de communication interne », comme l’a exprimé Gilbert Marcelli, le Président de la CCI. Je n’ai absolument rien contre lui, en revanche, j’ai une profonde divergence de fond sur sa méthode de gestion et celle de son directeur. En ma qualité d’acteur économique, libre et constructif, je me permets de l’exprimer.
Dans le champ économique, cette nécessaire évolution des pratiques est déjà visible. De nombreuses entreprises choisissent désormais la coopération : partage de locaux, mutualisation de compétences, réflexion collective, regroupement de moyens opérationnels et financiers pour investir ou conquérir de nouveaux marchés. Cette logique n’est plus un choix, mais une condition de survie et de développement. Elle va s’accentuer !
Les institutions, elles aussi, doivent se réinventer. Elles ne peuvent plus se permettre de fonctionner en silo, de se percevoir en concurrence entre elles ou d’installer une forme de hiérarchie avec les usagers de leurs services.
La dette publique, par son ampleur, vient bousculer encore davantage ce paysage. Elle repositionne brutalement le rôle de l’État et des institutions dans les territoires. L’autorité naturelle dont elles bénéficiaient jusqu’ici va s’éroder et être de plus en plus contestée si elles n’évoluent pas. Pour conserver leur crédibilité et leur légitimité, elles doivent s’inscrire dans une logique d’humilité, de mutualisation opérationnelle et d’intelligence collective.
Désormais, et plus encore demain, le leadership devra s’incarner à travers cette vision et des actions concrètes qui vont dans ce sens. Les dirigeants et leaders qui n’auront pas compris cette révolution, qui n’auront pas intégré ce changement profond, seront balayés par le mur du réel. Ce chemin n’est pas facile car il implique des changements de mentalités mais aussi des changements structurels, mais il est le seul qui peut nous éviter le désordre et le chaos.
Le temps des postures solitaires est terminé. Ce qui est attendu, c’est la capacité à fédérer, à associer, à inspirer et à bâtir des dynamiques au service des entreprises, des salariés et des territoires.
C’est cette conviction qui guide mes analyses et mes prises de parole : nos organisations doivent se transformer pour rester utiles et donner confiance. La coopération, la mutualisation et l’intelligence collective ne sont pas des options. Elles sont devenues vitales.
C’est par elles que nous pourrons retrouver une espérance collective et réinventer l’avenir de nos institutions comme de nos entreprises.