La semaine dernière avait lieu à Agroparc dans les locaux de la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics de Vaucluse l’assemblée générale ainsi qu’un moment de convivialité avec les élus, les adhérents et les partenaires de l’organisation professionnelle. Un point presse a permis de comprendre la situation difficile que vivent actuellement les acteurs du BTP. Déçu des récentes annonces du gouvernement, Daniel Léonard, le Président de la Fédération a envoyé un signal clair et urgent aux élus de notre territoire.

Depuis quelques années, les professionnels du BTP rencontrent de grandes difficultés pour assurer leurs missions. Entre la Covid, l’augmentation importante du prix des matériaux, le durcissement de l’environnement réglementaire, la hausse des taux d’intérêt, les nouvelles normes écologiques et le ralentissement des commandes publiques, les chefs d’entreprises ne voient pas le bout du tunnel et sont très inquiets.

Des annonces gouvernementales lunaires

Les récentes annonces de la Première Ministre, Élisabeth Borne et le « fameux plan » du gouvernement pour répondre à la crise du logement ne correspond pas du tout aux attentes de la profession. L’incompréhension est totale, car les concertations menées au Conseil national de la refondation (CNR) depuis 8 mois entre les services de l’État et les professionnels du logement et du BTP sont en décalage avec les annonces gouvernementales.

La suppression de la loi Pinel qui permettait une réduction d’impôt pour encourager les investissements locatifs, réduction drastique du prêt à taux zéro (PTZ) sont les deux mesures qui risquent de plonger le secteur dans la crise. Daniel Léonard a été le premier à exprimer sa déception « les annonces du gouvernement ne correspondent pas du tout à ce que l’on attendait. Le BTP du Vaucluse représente 6 000 emplois, l’activité a été réduite de 30% sur les logements neufs, 40% de dossiers bancaires ont été refusés. La situation va encore se détériorer dans les mois à venir. »

Frédéric Saintagne, Président de la section Pôle Habitat Vaucluse n’a pas mâché ses mots « on est tous tombés de 10 étages suite à l’annonce de la Première Ministre, car cela fait des mois que nous faisons des propositions. Nous aurions souhaité qu’au moins une ou deux revendications soient mises en place, ce n’est pas du tout le cas. On a l’impression que les politiques n’ont pas conscience de ce que l’on vit psychologiquement et surtout ce qui va arriver socialement. »

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Daniel Léonard ajoute « l’augmentation des taux d’intérêt a considérablement réduit les capacités d’emprunt des primo-accédants. Les promoteurs ont des projets, mais ceux-ci ne sont souvent plus viables financièrement avec le coût des matériaux de construction qui a explosé. »

Certains parlementaires « aux abonnés absents »

Les professionnels du secteur constatent déjà depuis l’année dernière une baisse des appels d’offres publics. Cette situation met en péril les entreprises du BTP. En effet, les maires hésitent à construire sur leur territoire, car ils anticipent le projet de loi sur la ZAN (zéro artificialisation nette) qui prévoit de réduire de moitié le rythme d’artificialisation des sols entre 2021 et 2031. Le potentiel de construction des collectivités va donc être considérablement réduit.

Autre enjeu soulevé par les élus de la Fédération du BTP de Vaucluse, l’augmentation des frais de réalisation pour les entrepreneurs, inhérents aux nouvelles normes écologiques. Émilie Feral, Présidente de la branche Gros Œuvre, Vice-président FBTP84 précise « la rénovation énergétique, les normes en vigueur et les dernières mesures vont augmenter le coût de production pour nos entreprises. La réglementation environnementale, la RE2020 est plus ambitieuse et exigeante pour la filière construction. »

« Quand le BTP va, tout va », formule qui date du 19e siècle, de Martin Nadaud, maçon avant de devenir Député puis Préfet, est plus que jamais d’actualité et devrait inquiéter les pouvoirs publics et les élus de notre territoire. Hormis le Sénateur Jean-Baptiste Blanc, très actif sur le dossier de la ZAN, les autres parlementaires font preuve d’impuissance, voire de désintérêt sur ce sujet ô combien majeur. Quant à la Préfète de Vaucluse, malgré sa bonne volonté, ses marges de manœuvres sont très limitées.

Dans le Vaucluse, l’évolution du taux de défaillance des entreprises du BTP est important, +37% sur un an, la crise est donc bien profonde.

 

Photo de gauche à droite : Jean Max Diaz (Trésorier de la Fédération BTP84), Émilie Feral (Présidente branche Gros Œuvre, Vice-présidente FBTP84), Daniel Léonard (Président de la Fédération BTP84), Frédéric Saintagne (Président de la section Pôle Habitat Vaucluse) et Denis Mathelin (Président de la branche TP).