Du 1er au 14 octobre, les chefs d’entreprise de notre département sont appelés à voter pour les élections à la CCI de Vaucluse. Ce scrutin est particulier car une seule liste est en lice mais il n’en reste pas moins capital pour l’avenir de notre territoire. Nous avons rencontré Bernard Vergier, le Président de la CPME, à la tête de la liste Énergie Positive.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

Avignonnais, je suis profondément attaché à ma ville et mon département. J’ai débuté comme chef d’entreprise dans le secteur de l’automobile à l’âge de 20 ans. J’ai effectué une carrière de 40 ans dans ce domaine aux côtés d’une centaine de collaborateurs environ. Je me suis intéressé par la suite au secteur de l’immobilier pour y développer une activité, que j’exerce encore à ce jour.

« Ce parcours démontre la cohérence

et la constance de mon implication »

Très tôt en 1971, j’ai été engagé pour défendre les entreprises. D’abord au CSNCRA de Vaucluse (Chambre Syndicale Nationale du Commerce de la Réparation de l’Automobile), puis durant 25 ans à la Chambre des Métiers où j’ai occupé notamment le poste de Président de la commission des Finances. J’ai ensuite été membre associé à la CCI, puis membre titulaire, Vice Président et Président en 2016.

Concernant la CPME, je suis l’un des membres fondateurs de l’organisation créée en 1985 dans notre département. Depuis 2002, j’en suis le Président Départemental et le Vice Président Régional.

Ce parcours démontre la cohérence et la constance de mon implication au service des chefs d’entreprise. J’aime les gens, j’aime les entrepreneurs, j’ai toujours aimé me mettre au service du collectif car je considère qu’il est très important de rassembler.

« La CPME compte 900 adhérents directs dans le Vaucluse »

Parlons de la CPME, que représente l’organisation dans le Vaucluse ?

La CPME est un outil au service des entrepreneurs qui dirigent des sociétés de toute taille. Nous agissons au quotidien pour leur proposer des services, les conseiller, les défendre et les accompagner. Cette action est aujourd’hui reconnue car nous comptons plus de 900 adhérents directs dans le Vaucluse, nous organisons 60 événements par an, nous avons 252 mandats pour représenter et défendre les chefs d’entreprise dans les instances paritaires.

Parce que je considère qu’il est capital de s’ouvrir pour construire une vision d’avenir, nous avons créé en 2014 un pôle jeune à la CPME, puis en 2017 un pôle femme. Celui-ci est très actif et démontre ce désir d’engagement collectif.

La CPME est en quelque sorte la boîte à outils du dirigeant.

« Le Vaucluse est un territoire particulier

car les divisions freinent son développement »

Quelle analyse portez-vous sur la situation économique dans le Vaucluse ?

Le département est classé au 7ème rang national pour son taux de chômage. C’est le plus pauvre de la région. Le Vaucluse est un territoire particulier car les divisions freinent son développement. Ces divisions ne sont pas présentes uniquement dans le monde économique mais également en politique. Nous devons être en capacité de dialoguer et de rechercher des solutions. Les petits départements comme le 04 et le 05 rencontrent moins de difficultés car ils sont unis.

Nous souffrons également d’un manque de main d’oeuvre qualifiée. Les compétences que nous possédons ont été attirées dans les départements voisins. Pour conserver cette main d’oeuvre qualifiée, il faut agir sur le logement, le cadre de vie mais il faut aussi des formations pointues.

Il manque de l’industrie dans le Vaucluse, ce secteur génère de nombreuses créations d’emplois. L’attractivité de notre territoire passe par le foncier disponible pour attirer ce type d’entreprise.

Il est nécessaire également d’accompagner les fleurons du département pour les aider à exporter leur savoir-faire.

Un autre thème me paraît très important, il s’agit de la sécurité. Je parle des biens et des personnes mais je parle également de la sécurité informatique. La sécurité et la propreté dans les centres ville et les zones d’acvitités sont capitales. Certaines communes dont la ville d’Avignon ont un gros travail à faire dans ce domaine. Durant ce mandat à la CCI, nous aurons beaucoup de travail à faire, je dirai les choses comme elles sont si ça ne change pas.

Concernant la situation économique liée à la crise du Covid-19, quels sont les principaux indicateurs ?

Certains secteurs comme le transport de voyageurs, l’événementiel, l’hôtelerie, les traiteurs, la restauration ainsi que les métiers connexes à la Culture souffrent énormément. En revanche, les autres secteurs font état d’une situation plutôt favorable. La reprise a été plus rapide que prévu avec pour certains, de nouveaux marchés qui pointent à l’horizon.

Quand les PGE (Prêts Garantis par l’Etat) commenceront à être remboursés et quand sera achevé le dispositif de chômage partiel, nous aurons une réelle vision des conséquences de cette crise. Nous sommes très inquiets à l’idée de découvrir une dégradation de la situation à l’issue de cette période.

Nous serons vigilants afin qu’en début d’année 2021, les entreprises ne soient pas étouffées par le remboursement des prêts, des aides et les loyers. Les trésoreries risquent de s’effondrer, il faudra accompagner ces entreprises au cas par cas.

« La transmission des responsabilités

vers cette génération est l’une de mes priorités »

Quelles vont être vos priorités d’actions à la CCI durant cette année de mandat ?

Notre liste a été rajeunie car j’ai souhaité qu’elle corresponde à la réalité de terrain et qu’on s’inscrive dans l’avenir. Les jeunes entrepreneurs ne sont pas rompus à l’engagement syndical patronal à l’ancienne. Ils sont dans les réseaux économiques, ils veulent agir concrètement loin des rivalités de pouvoirs et des égos. J’ai souhaité trouver un équilibre entre la jeunesse et l’expérience. La transmission des responsabilités vers cette génération est l’une de mes priorités.

Le deuxième enjeu pour la CCI va être de générer des ressources financières supplémentaires. Le budget de la CCI était de 24 millions d’€ en 2018, il est aujourd’hui de 14 millions d’€.

Pour générer ces moyens supplémentaires, nous allons agir sur le levier du foncier que nous avons à notre disposition. Nous allons également exploiter l’offre de formation, les divers fonds publics français et Européens et mettre en place des partenariats.

« La CCI doit agir en proximité et être identifiée

partout dans le Vaucluse »

Le soutien aux territoires est également prioritaire. La CCI doit agir en proximité et être identifiée partout dans le Vaucluse. Pour cela, nos agents, élus et conseillers techniques feront office de référents territoriaux pour dialoguer, échanger et agir avec les acteurs des bassins économiques.

Nous voulons agir rapidement pour les centres ville et les zones d’activités, en soutenant les animations, la digitalisation des commerces, les offres de services… La création de la Marketplace des Halles est un bel exemple de cette digitalisation. Les modes de consommation ont changé, nous devons accompagner ces commerçants.

Nous allons interpeler les maires du département pour favoriser le stationnement, agir sur la propreté et lutter contre l’insécurité. Il faut créer les conditions pour attirer les consommateurs dans nos villes, une ville qui a du monde est une ville qui vit. Le monde attire le monde.

« Ce scrutin s’inscrit dans l’avenir,

loin des pratiques anciennes »

Cette élection revêt un enjeu particulier car il y a une seule liste en lice, les chefs d’entreprise sont-ils mobilisés pour ce scrutin ?

Le vote des chefs d’entreprise est très important car il sera synonyme d’engagement en faveur de l’économie de leur territoire. Nous faisons une campagne de terrain partout dans le Vaucluse pour les convaincre d’agir et de voter. Nous avons constitué une liste rajeunie et dynamique pour encourager cette génération de chefs d’entreprise à s’impliquer.

Un faible taux de participation serait un mauvais signal envoyé à cette génération et un risque réel de perdre notre CCI Territoriale.

Nous sommes positifs et constructifs. J’appelle à la mobilisation et au vote car plus que jamais, ce scrutin s’inscrit dans l’avenir, loin des pratiques anciennes.

Jamil ZERIBI