La papeterie Smurfit Kappa située au Pontet a lancé un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) fin novembre et devrait fermer ses portes en février 2024. Les 57 employés et leurs familles se considèrent sacrifiés par la direction du groupe et sont très inquiets pour leur avenir. L’histoire se répète pour les salariés de notre pays qui, depuis 40 ans, voient leurs usines fermer malgré les bénéfices exorbitants de leurs entreprises et groupes industriels internationaux.
Cette fois-ci, ce sont les 57 employés de la papeterie Smurfit Kappa située au Pontet qui vont faire les frais d’une « nouvelle organisation industrielle » afin de « répondre aux attentes d’un marché exigeant ». Les éléments de langage employés par Jérémy Ameaux, le directeur des opérations de la papeterie du Pontet au micro de France Bleu Vaucluse se veulent prudents mais la réalité est beaucoup plus brutale pour les salariés de la papeterie.
Une usine compétitive… jusqu’en janvier 2023
La papeterie a été créée en 1922, elle est spécialisée dans le recyclage et la fabrication d’emballages en carton. Elle a été rachetée en 1994 par le leader européen Smurfit Kappa. Le groupe Irlandais Smurfit Kappa enregistre un CA de plus d’un milliard d’euros en France, il y possède 35 établissements et plus de 3 000 collaborateurs.
Pour justifier les difficultés et la très probable fermeture du site du Pontet, la direction pointe la vétusté des équipements de l’usine, les coûts de production plus élevés, des problèmes de fonctionnement et de qualité. Des arguments difficiles à admettre pour les employés à qui on a demandé des efforts et notamment durant le Covid. Durant cette période, la papeterie a tourné 24h sur 24. Les primes exceptionnelles engrangées par les employés ces cinq dernières années sont la preuve de leur engagement et de la compétitivité du site.
Une décision de fermeture, pas si soudaine
En effet, en 2021, Smurfit Kappa rachète, pour 360 millions €, l’usine de Verzuolo en Italie d’une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes de carton-caisse recyclé contre 70 000 tonnes pour l’usine du Pontet. Dès lors, ce site en pointe sur le plan technologique va devenir le jouet du groupe.
Le 1er novembre 2022, Andrew Coffey devient le PDG de Smurfit Kappa France après avoir été directeur technique du groupe de 2012 à 2019 en Italie, puis de 2019 à 2022 en Hollande. Un dirigeant qui connait parfaitement l’usine de Verzuolo.
Dès janvier 2023, patatrac, les fermetures du site du Pontet se multiplient et la direction arrête de façon périodique la production d’autres sites en France. Smurfit Kappa du Pontet fermera à hauteur de 30% de son activité en 2023. Dans le même temps les autres papeteries françaises du groupe (Smurfit Kappa Papier Recyclé France) se sont arrêtées à hauteur de 9% pour Saillat et 19% pour Rethel.
La raison invoquée, un stock trop important. Les employés commencent à se poser des questions et comprennent vite qu’une grande partie de la production de Smurfit Kappa du Pontet a filé vers la papeterie de Verzuolo, en Italie. Scellant ainsi le sort du site et l’avenir de ses 57 collaborateurs.
La papeterie fermera même ses portes durant 1 mois, en mai 2023, à cause de son stock jugé trop important par la direction. Ce fameux stock…
Des licenciements envisagés malgré des bénéfices
Tout s’accélère en septembre 2023, Smurfit Kappa et WestRock, leader aux États-Unis, fusionnent pour devenir un mastodonte qui, ensemble, possèdent un chiffre d’affaires annuel d’environ 34 milliards de dollars, avec un EBITDA (Bénéfice Avant Intérêts, Impôts, Dépréciation et Amortissement) de 5,5 milliards de dollars.
Rendu de moins en moins compétitif, le site du Pontet va sombrer et ses dirigeants vont annoncer un PSE (Plan de Sauvegarde des Emplois) fin novembre aux employés. Cette démarche réglementaire qui va durer 2 mois vise notamment à accompagner un éventuel repreneur, à favoriser le reclassement interne et externe des salariés.
Dès son arrivée à la tête de Smurfit Kappa France fin novembre 2022, Andrew Coffey déclarait à LSA :
« Nous bénéficions sur tout le territoire français d’équipes de production qui ont démontré à travers la pandémie qu’elles étaient parmi les plus résiliantes de notre industrie. Notre intégration complète nous permet de garantir l’approvisionnement de nos clients comme nous avons pu le faire durant la dernière période de pénurie de matériaux ».
À peine 1 an plus tard, Smurfit Kappa annonce un PSE et la fermeture à venir du site du Pontet.
Vendredi 15 décembre aura lieu une nouvelle journée de mobilisation devant l’usine. Les autres usines du groupe en France sont appelées à la grève ou au débrayage.
À suivre…
Jamil Zéribi