Destination Marseille avec cette interview de Renaud Muselier. Le Président de Région nous présente son action en faveur du Vaucluse, sa vision concernant son développement et souligne les efforts consentis par la Région pour lui permettre de construire son avenir.

Propos reccueillis par Emmanuel Brugvin

Vaucluse Entreprises : Quelle est la place du Vaucluse dans l’économie régionale ?

Renaud Muselier : Le Vaucluse est un département qui se démarque par un certain nombre de spécificités économiques et des secteurs d’activités qui connaissent des dynamiques parfois différentes de celles du territoire régional.

Depuis plus de cinquante ans, les activités agricoles et industrielles y sont plus importantes qu’ailleurs. Cette réalité est toujours présente puisque l’emploi est supérieur de 2,7 points dans le secteur agricole et de 1,5 point dans l’industrie par rapport aux moyennes régionales.

Le département de Vaucluse est une place importante de notre activité industrielle régionale, notamment dans l’agro-alimentaire et dans la fabrication de matériaux de construction. Il se positionne également comme un centre de production et de recherches de premier plan sur les activités relevant de la naturalité.

« Le Vaucluse dispose de réels atouts dans plusieurs filières comme l’agro-alimentaire, la naturalité et les énergies renouvelables »

VE : Quel est son positionnement au niveau national et européen ?

RM : Le Vaucluse dispose de réels atouts dans plusieurs filières comme l’agro- alimentaire, la naturalité et les énergies renouvelables que nous accompagnons depuis 2016. Ces secteurs sont d’ores et déjà identifiés au sein de notre stratégie économique, des clusters et pôles de compétitivité spécialisés sont implantés sur le territoire vauclusien. La Région Sud est allée plus loin en faisant de la naturalité une de ses opérations d’intérêt régional et du Vaucluse son centre névralgique. Elle est coprésidée par notre élue Benedicte Martin et Jean- François Gonidec, Directeur général de l’Occitane.

Nous investissons massivement, nous regroupons les acteurs du secteur et nous développons des synergies pour intensifier les retombées économiques de cette filière d’excellence.

VE : Pouvez-vous faire un point sur l’Opération d’Intérêt Région (OIR) Naturalité.

RM : Depuis sa création, l’OIR Naturalité a mis en place un écosystème dynamique notamment en Vaucluse en associant les partenaires de la sphère agricole, économique, industrielle ainsi que les intercommunalités et les divers acteurs du territoire.

L’Opération d’Intérêt Région a par exemple contribué à la structuration de la Cité de l’Innovation portée par le Grand Avignon. Elle permettra au Vaucluse de devenir une référence nationale sur la Naturalité et regroupera une offre de services de haute qualité pour accompagner les entreprises existantes et attirer de nouveaux talents sur le territoire métropolitain.

Mais aussi à l’émergence d’une future école d’ingénieur agronome portée par ISARA- ISEMA, pour compléter les instances de formation présentes sur le territoire en lien avec les entreprises, l’accompagnement du lycée agricole Pétrarque dans l’installation et le lancement du nouveau BTS AnaBioTech notamment et par la construction de liens direct avec des industriels du tissu vauclusien et régional pour assurer l’apprentissage. Nous continuerons pour les années à venir à nous mobiliser pour faire du Vaucluse un véritable fer de lance de la naturalité en France.

« 57 entreprises, 400 emplois et une pépinière de 3 000 m2

sont installés sur le Technopole Pégase »

VE : La région a beaucoup investi sur la plate forme aéroportuaire Avignon- Provence pour développer des activités économiques complémentaires aux pôles industriels de Cannes- la-Bocca (satellites) et Marignane (hélicoptères). Compte-t-elle poursuivre ses efforts ?

RM : L’aéroport d’Avignon appartient à la Région depuis 2007. Nous en avons confié la gestion à la Société Aéroportuaire Avignon Provence. Trois objectifs lui ont été donnés : maintenir l’aviation commerciale, préserver l’aviation générale et de loisirs, développer l’aviation d’affaires et les activités économiques implantées sur l’emprise aéroportuaire.

Pour soutenir ces objectifs, nous avons élaboré un programme d’investissements de plus de 9 millions d’euros avec nos partenaires du Grand Avignon et du département de Vaucluse pour les années à venir.

En parallèle, nous travaillons avec le cluster SAFE (pôle de compétitivité) au développement de la zone d’activités du Technopole Pégase. Celui-ci accueille principalement les TPE et PME du secteur aéronautique qui souhaitent s’implanter dans un environnement aéroportuaire performant offrant tous les services nécessaires. Aujourd’hui, 57 entreprises, 400 emplois et une pépinière de 3 000 m2 y sont installés.

Ces derniers mois, l’aéroport a démontré sa capacité à faire face à la crise sanitaire. La plateforme a accueilli des vols sanitaires et de sécurité. L’aviation d’affaires et générale se sont montrées résilientes. Ces résultats encouragent la poursuite de la mise en œuvre du programme d’investissements et notamment la mise aux normes de l’Agence européenne de sécurité aérienne de la piste.

« Je réfute l’affirmation selon laquelle Avignon et le Vaucluse seraient les grands absents des investissements structurants au niveau régional »

VE : Estimez-vous que les élus vauclusiens défendent leur territoire ?

RM : Je réfute l’affirmation selon laquelle Avignon et le Vaucluse seraient les grands absents des investissements structurants au niveau régional. Le Contrat de Plan Etat-Région (CPER) qui cible les grands projets d’infrastructure du Vaucluse inscrit la liaison Est-Ouest d’Avignon et la déviation de la RN 7 à Orange, par exemple, avec respectivement 24 M€ et 45 M€ qui ont été investis. Avec le Fonds Régional d’Aménagement du Territoire, à destination des projets d’intérêt communal, nous avons financé 225 projets dans le Vaucluse pour un montant total de 15 M€.

Avec les Contrats Régionaux d’Equilibre Territorial (CRET), signés avec les intercommunalités pour financer les projets stratégiques, la Région a d’ores et déjà mobilisé depuis 2016, 33 M€ pour le département et 33,9 M€ doivent encore être affectés dans le cadre des CRET de 2ème génération.

VE : Comment expliquez- vous que le Vaucluse, département si riche dans les années 70 soit le cinquième le plus pauvre en partant du bas du classement ?

RM : L’évolution économique du Vaucluse au cours des dernières décennies est un exemple desconséquencesdel’exode rural dans notre société. Dans les années 1970, l’économie vauclusienne reposait essentiellement sur des activités agricoles et de grands centres industriels basés autour d’Avignon.

« Nous accompagnons de plus en plus de projets de développement mais aussi d’implantations d’entreprises dans le Vaucluse. »

Ces activités productives représentaient plus de 32 % des emplois. La survenance successive des crises économiques a impacté ces emplois souvent moins qualifiés et plus sensibles aux chocs.

« La Région se mobilise pleinement pour structurer

les filières d’excellence du département »

En parallèle, on observe que les secteurs porteurs de l’économie moderne, comme l’information et de la communication ou la recherche scientifique et technique, ne sont pas aussi bien implantés dans le Vaucluse qu’ailleurs en France.

Ce double dynamisme explique la présence du Vaucluse dans le classement des départements les plus pauvres de France. Pour autant, je ne suis pas fataliste quant à l’avenir du département, qui dispose d’atouts indéniables et que nous nous attelons à renforcer au travers de nos différents actions et soutiens.

Nous devons trouver les bons leviers pour lui rendre sa richesse économique d’antan. Le confinement lié au Covid a mis en évidence l’envie d’un retour « dans les territoires » pour quitter la ville.

Le Vaucluse est très bien « connecté » (gare TGV d’Avignon par exemple) et je ne doute pas qu’il saura attirer foyers et entreprises. Depuis 2016 à la Région, au titre du FIER (Fonds d’Investissement pour les Entreprises de la Région) nous accompagnons de plus en plus de projets de développement mais aussi d’implantations d’entreprises dans le Vaucluse. Ce dynamisme est croissant.

Pour cela, la Région se mobilise pleinement pour structurer les filières d’excellence du département et accélérer la formation de ses talents de demain.

Crédit Photo : Régis Cinta Flores