Cécile Helle et Joël Guin réclamaient un changement du tracé de la LEO directement au Premier ministre. Le préfet de Région les met face à leurs responsabilités.  

Une malédiction s’abat depuis des décennies sur contournement sud d’Avignon, la liaison Est-Ouest (LEO). Voilà qu’aujourd’hui, les tergiversations des élus locaux vauclusiens viennent de vivre un sévère recadrage des services de l’Etat. Rappel des faits : en 2003, l’Etat, maître d’ouvrage, après moulte obstacles et rebondissements, obtient une déclaration d’utilité publique (DUP). En 2010, un des premiers trois tronçons voit le jour avec un franchissement de la Durance derrière la gare TGV pour atteindre Rognonas. Pour des raisons politiques et financières, la tranche 2, qui doit relier Rognonas au sud d’Avignon par un deuxième pont, est stoppée en 2017. Puis, le projet repart sur de bonnes bases en 2021. L’Etat et les collectivités locales s’engagent définitivement sur une clé de répartition financière pour 142,7 M€.  

Préserver la ceinture verte

Mais voilà, Cécile Helle critique de longue date le tracé de la Tranche 2. Pour préserver la ceinture verte d’Avignon et éviter que 40 000 voitures par jour déboulent sur le quartier de Saint Chamand, la maire d’Avignon convainc Joël Guin, président du Grand Avignon, de réclamer ensemble aux services de l’Etat une solution alternative via les Bouches-du-Rhône jusqu’à Noves et le pont de Bonpas. Non contents de l’absence de réponses des services locaux de l’Etat, ces élus s’insurgent, veulent passer outre et en appellent mi-février directement à l’arbitrage du Premier Ministre en personne ! 

Matignon interpellé

Un cinglant recadrage ne tarde pas à tomber une semaine plus tard. Matignon ne se mettra pas sans dessus-dessous pour les gesticulations de nos élus locaux. Dans un communiqué, la préfecture de Région leur rappelle quelques notions de base du droit public. Tout d’abord, le tracé fait l’objet d’une DUP avec un linéaire sanctuarisé au mètre près par la loi. Changer ce qui fut arrêté une bonne fois pour toute impose de reprendre tout le dossier à zéro. « Tandis que le projet actuel pourrait voir le jour dès 2028, un tracé alternatif (…) ne pourrait donc se concrétiser que 10 à 15 ans plus tard, au mieux autour de 2040, pour un coût au moins aussi onéreux (300 M€) », annonce le préfet de Région. D’autre part, depuis le temps, l’Etat ne s’occupe plus de ce type de réseau routier. Ce serait aux collectivités locales de mener le nouveau projet à bien.

L’heure du choix

Cécile Helle et Joël Guin se retrouvent au pied du mur. Soit accepter le dossier actuel porté par l’Etat avec l’espérance de voir les 15 000 habitants de Rocade d’Avignon soulagés de son trafic en 2028. Soit porter le projet en tant que maître d’ouvrage et le reprendre à zéro. A l’Etat de leur rappeler, en filigrane, qu’il faudra recommencer une procédure de DUP, diligenter les études techniques et environnementales, gérer les opposants, se mettre d’accord avec les maires de trois départements aux intérêts contradictoires et trouver 300 M€. Aux élus locaux d’adopter, désormais, une attitude responsable, voire courageuse, au vu de tous leurs administrés et non politicienne.

Affaire à suivre… 

                                                                Emmanuel Brugvin

Crédit photo : Emmanuel Brugvin

 

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